Un bateau abandonné ?

Quand on parle de l'archipel Shabondy, on pense aux immenses mangroves, aux immenses arbres qui se dressent fièrement vers le ciel en propageant leurs petites bulles savonneuses. On pense au grand Shabondy Parc, avec ses grandes roues, ses lumières colorées qui éclairent les allées pavés où s'engouffrent des milliers de personnes avec le sourire. Mais on ne pense pas, où on nie consciemment, les groves dangereux, l'activité criminelle, le point d'escale de centaines de pirates en route vers le Nouveau Monde, et on oublie la pauvre résistance qui, il fut un temps, essaya de son mieux de protéger les habitants de l'action néfaste de l'esclavage, ou d'autres infamies propagées par les bandits et par le Gouvernement. Lisbeth shoota rageusement dans un caillou passant par là. Encore une fois, le petit groupe de résistant dont elle faisait partie s'était dégonflé au dernier moment et le leader de groupe avait prétexté une fière de sa gamine pour s’éclipser en douce. A quoi servaient-ils ? Pourquoi venir avec des grands airs et des pseudo-positions politiques si ils avaient peur du moindre danger ? En tant que mercenaire, en tant que résistant qui plus est, on se devait de faire face aux imprévus et surtout, on devait se rendre à l'évidence que tout le monde peut être un ennemi. Que ce soit un pirate, un marine ou même un civil. Tout le monde est libre de vous dénoncer, de vous accusez et vous pouvez rapidement finir dans les bras d'un peloton direction Impel Down. Evidemment qu'elle craignait cet avenir, qui n'avait pas peur de la terrible prison où il est impossible de s'échapper et où sont emprisonnés les pires espèces de pirate ? La jeune femme pesta intérieurement et se dirigea vers la côté, bien trop énervée pour réfléchir à quoi que ce soit, et la mer avait le don de la calmer.

Quand elle arriva devant les légères falaises du groove 4, elle s'assit à terre et contempla un moment les vagues, envieuse de les sentir contre son corps mais privée de ce plaisir depuis un bon moment. Un détail attira son attention et elle se dirigea vers la tâche marron plus loin sur la berge. Époussetant au passage sa capeline, la forme qui se formait petit à petit semblait être une barque, du moins ce qui pouvait en rester. Mais c'était un bateau simple, muni d'une voile tout ce qu'il y avait de plus normal. C'était étonnant dans un sens que ce bateau ne fut pas pillé. En général, les voleurs et les charognards humains se faisaient un plaisir de prendre tout ce qui pouvait servir sans rien laisser, même le bois pouvait y passer si il n'était pas trop humide. Mais là, il n'y avait rien de touché. Le gouvernail, la voile, le mat, tout était là. Lisbeth se rapprocha prudemment, craignant de faire face à un pirate ou à autre chose qui logeait dans la coque. Mais, tout semblait vide. Intriguée, elle n'hésita pas longtemps à grimper à bord cherchant une trace de vie sans en déceler. Pas un son, ni un mouvement. L'intérieur de la chaloupe était aussi calme que l'océan.

Shabondy! Me voilà!

Karot était sur son bateau, le fier Ryuujin et vous ne devinerez jamais vers quelle destination il se dirigeait actuellement... Vers Shaobody ou Shabondy selon les appellations. Comment avait-il fait sachant que c'était une des dernières îles si on suivait le Log Pose? Il avait eu la chance de trouver un Eternal Pose qui se dirigeait justement vers cet endroit de rêves... Enfin de rêves en apparence en tout cas. Karot craignait que ce soit un peu comme la ville dans laquelle il avait rencontré Dooko, une illusion de luxe, de bien-être et de bonheur comme couverture... Mais en réalité de la crasse comme pas possible quand on creusait un tout petit peu. L'avantage de Whiskey Peak, où il avait rencontre Vesperine alors qu'il venait de mettre les pieds sur Grand Line, c'était que le décor était directement planté, pas de fausses richesses ou quoi que ce soit... On voyait tout de suite que c'était un peu la merde quoi, excusez-moi l'expression mais autant le dire clairement, ne pensez-vous pas? Enfin bref, il verrait bien ce qu'il en était une fois qu'il y serait, cela ne devait plus être qu'à quelques heures maintenant.

Pendant ce temps il avait le temps de faire ce qu'il faisait d'habitude, autrement dit s'entraîner et manger, il ne lui restait que quelques heures après tout, pas quelques jours. Surtout en sachant qu'il devait se réserver une petite demi-heure pour prendre sa douche, se préparer et tout ça. Tout de même, on accostait pas sur une île tel un malpropre pas lavé et sans aucune hygiène, si on avait crée la douche, le savon, le dentifrice, la brosse à dents et même le parfum et le déodorant, il y avait bien une raison vous ne pensez pas? Insupportable de vivre avec des malpropres et de vivre comme un malpropre. Enfin, Karot ne jugeait pas les gens à leur hygiène, enfin il fallait tout de même que ça reste supportable, mais à leur âme. Bref, le jeune homme venait de venir de s'entraîner, de cuisiner et de manger, heureusement qu'il était polyvalent le bonhomme! Maintenant, il entreprit de prendre sa douche et tout le tralali. Une fois que tout fut fait, il aperçut l'île en question, parfait. Et lorsqu'il accosta enfin et sauta de son bateau, il atterrit en face d'une femme qui était sur une barque miteuse... Karot lui sourit en la regardant.

"Yop, je suis Karot Ryuu! Auriez-vous un problème avec cette barque? Si elle est vôtre d'ailleurs? Je suis bien à l'Archipel Shabondy dîtes-moi?"

Lisbeth se redressa juste à temps pour apercevoir une magnifique caravelle. Un jeune homme lui fit un sourire et lui adressa joyeusement:

"Yop, je suis Karot Ryuu ! Auriez-vous un problème avec cette barque? Si elle est vôtre d'ailleurs? Je suis bien à l'Archipel Shabondy dîtes-moi ?"

C'était un assez beau garçon avec de beaux cheveux blonds qui virevoltaient autour de sa tête. Tête qui le faisait ressembler à un ange, un adorable angelot avec de grands yeux bleus, semblables à l'océan qui s'étendait derrière lui. Des immenses d'espaces à visiter et à découvrir sans jamais se lasser. Il se tenait fièrement, un visage aussi radieux que le soleil à un tel point que la révolutionnaire se sentit limite honteuse de puer la mauvaise humeur à des kilomètres. Elle se ressaisit rapidement et sauta hors de la barque en ruine.

"Non ce n'est pas la mienne. Intima-t-elle avec un regard critique. "Vous y êtes. Vous venez pour prendre des vacances ?

Un léger sourire se dessina sur son visage. Il allait falloir raquer pour pouvoir se payer un bon hôtel et un petit moment de détente à Shabondy. Ce n'était pas donner vu l'important activité touristique de l'archipel. Il regorgeait de personnes de toutes les nationalités venant de pays à l'autre bout de l'océan, personnes voulant profiter de la réputation majestueuse de l'île. Les enfants rêvaient de son parc, les adultes rêvaient des maisons, du travail, de leur statut. Une belle couverture dorée qui cachait les marchés aux esclaves, la présence écrasante et dégradante des Tenryuubitos, les groves dangereux, le peu de la population pouvant se payer une maison digne de ce nom, des résistants bien trop peu actifs.. Sa mauvaise humeur semblait revenir avec autant d'entrain que ses mauvaises pensées prenaient possession de son esprit.

"Vous n'avez pas atterri au bon grove. Ici, c'est dangereux, à part si vous êtes aussi dangereux que les personnes qui le prétendent ici.

Elle avait l'impression de faire légèrement l'office du tourisme, mais elle n'avait pas spécialement envie que ce petit angelot se fasse attaquer par les vendeurs d'esclaves. Si, son visage adorable ne cachait pas une redoutable force.

Je ne crois pas, non.

Alors comme ça ce n'était pas sa barque? Remarque ça aurait été plutôt difficile pour elle de naviguer dans une barque aussi miteuse... Oui car on ne pouvait pas dire qu'elle était très luxueuse ni même en bon état, carrément miteuse comme déjà dit précédemment. Bon, la caravelle de Karot n'était pas non plus un navire de guerre mais il était fier de ce dernier car il avait une histoire des plus belles à son avis... Laquelle? Elle était la Caravelle sur laquelle avaient vécu ses parents, sur laquelle ils étaient devenus célèbres, sur laquelle Karot était né, sur laquelle ses parents étaient morts... Deux ans auparavant. Ce n'était pas une histoire à prendre à la légère quoi. Fin bref, pour prendre des vacances? Ce n'était pas vraiment pour ça qu'il était venu sur Shabondy... Pourquoi d'ailleurs? Juste pour visiter un peu, parce qu'il en avait l'occasion et il voulait vérifier si la crasse existait aussi pour s'en débarrasser pourquoi pas? Peut-être pas maintenant, quoi que... En tout cas, il allait faire du repérage. Karot regarda la jeune demoiselle, qui ne semblait pas aller si bien que ça, avec un grand sourire comme toujours.

"Non, je viens voir si cette île est aussi paradisiaque qu'il y paraît, bien que j'en doute."

Karot avait été carrément franc, comme si il n'y avait aucun risque. Le seul truc, c'était qu'il n'avait pas encore dit qu'il était un Pirate mais cela n'allait pas tarder, il allait même très bientôt lui dire. Juste qu'il avait fait une petite pause voyant que la jeune femme semblait partir dans de sombres pensées ou un délire du genre. Elle ne semblait pas de bonne humeur quoi. Elle lui dit qu'il n'avait pas atterri dans le bon grove... Parce qu'il y avait des bons groves et des mauvais groves? Cela signifiait déjà que ce n'était pas aussi paradisiaque que ce qu'on pouvait croire de prîme abord. Ah, un grove dangereux? Voilà qui tombait bien, cela signifiait qu'il allait pouvoir commencer à éliminer de la vermine, précisons qu'éliminer ne voulait ici pas dire tuer, juste mettre hors d'état de nuire plus longtemps. Alors qu'elle disait cela, il vit des personnes approcher au loin, il sourit alors de toutes ses dents et la regarda en pointant du doigt les personnes qui arrivaient. Karot n'aurait jamais pensé tomber sur de la vermine dès son arrivée sur une île censée être paradisiaque... Au moins, il allait avoir de l'action.

"Genre des types comme eux? Ils ne me semblent pas bien dangereux. Comment t'appelles-tu en fait?"

Paradisiaque ? Oh loin de là. Comme chaque île en y réfléchissant bien. Quelle cité n'a pas de honte à cacher ? Quelle cité n'a pas une sorte de monarque despotique voulant dissimuler la "misère" de son pays au monde ? Quitte à les faire brûler... Des sombres pensées lui envahissaient encore l'esprit. Son instinct révolutionnaire parlait encore. Mais Karot -car c'était bien son nom ?- semblait parfaitement au courant de cette dimension, de la facette cachée des îles de Grand Line.

"Genre des types comme eux ? Ils ne me semblent pas bien dangereux. Comment t'appelles-tu en fait ?"

Un immense sourire s'était dessiné sur son visage. La jeune femme le couva d'un œil blasée. "Encore un..." soupira-t-elle intérieurement. Elle avait un sentiment clairement antipathique envers les grands airs et l'envie de grandeur de ses personnages. Comment pouvaient-ils imaginer à un seul instant qu'ils pourraient faire disparaître tous les bandits de la planète ? Et n'est-ce pas plus important de réfléchir à la véritable menace au lieu de tout détruire sans réfléchir sous prétextes qu'ils ne respectent pas la justice ? Et quelle justice ? Pour Lisbeth s'était clair. Il n'y avait pas de justice. Donc, il n'y avait pas de personnes qui désobéissaient à des lois. Les lois, elles devaient disparaître. Pouvait-on toujours blâmer des habitants qui essayent juste de survivre ? Elle ne plaidait pas la cause des bandits et des vendeurs d'esclaves, elle n'était pas pour la discrimination des Hommes-Poissons ou la soumission de n'importe quel être humain devant un Dragon Céleste, elle se demandait juste si il était réellement nécessaire de tuer toute la "vermine" alors qu'ils ne peuvent être mauvais qu'aux yeux de la Marine. Le jeune homme semblait vouloir éradiquer tout ce qu'il considérait comme mauvais, sans exception, et la lueur qui brillait dans ses yeux était effrayante. Elle reporta son regard vers le groupe de charognards qui approchaient, armés, sourires béats sur les lèvres. Comme l'avait prédit la révolutionnaire précédemment, ils étaient là pour le bateau et ils avaient en cadeau une jolie caravelle. Elle ne démentait pas, elle attaquait ce genre de personnage mais qu'en cas de défense et elle ne comptait pas se battre aujourd'hui, il avait qu'à se débrouiller tout seul.

"Ce ne sont que des charognards. Je m'appelle Lisbeth. Au plaisir."

La jeune femme se détourna du garçon et sauta dans le sable. Pourquoi attaquerait-elle des personnes qui souhaitent juste survivre avec le peu qu'il reste ? Karot lui, pouvait faire ce qu'il voulait ce n'était plus son problème. Arrangeant sa cape, elle repartit en direction du bois mais le groupe l'interpella. Elle leur jeta un rapide regard.

"Si vous voulez juste piller ce qu'il reste, vous pouvez y aller. Mais voyez avec le jeune homme, il sera sûrement moins clément que moi." Dit-elle avec un regard au blondinet à la caravelle.

Eh bien, allons-y...

Karot n'était pas vraiment un justicier destructeur ou quoi que ce soit du genre, n'allez pas croire pareilles sottises, c'était juste qu'il ne pouvait pas laisser des crimes impunis lorsqu'ils se passaient devant lui. Et par crimes, il n'entendait pas ce qui était sanctionné par les lois, puisqu'elles changeaient selon le bon désir du Gouvernement Mondial, mais selon sa propre morale qui était beaucoup plus importante que toute autre chose pour lui. Après tout, il était un Pirate, alors pourquoi aurait-il besoin de s'intéresser aux lois hein? Il avait juste sa façon de faire les choses et pour lui tout ce qui touchait au crime était répugnant, rien de plus, rien de moins. En tout cas, il avait l'impression qu'il n'avait pas vraiment mis son interlocutrice de bonne humeur, bah tant pis vous me direz... Il était simplement naturel et si elle avait mal interprété ses paroles ou ses actes, c'était son problème pas celui de Karot. Des charognards hein? Cela n'empêchait qu'ils commettaient des crimes non? La pauvreté n'excusait pas tout malheureusement. Bref, la jeune femme se présenta quand même, Lisbeth qu'elle dit s'appeler, Karot sourit en la regardant.

"Enchanté!"

A peine eut-il dit cela que la jeune femme commençait déjà à s'éloigner, il n'y avait pas à dire, il l'avait sans doute énervé ou en tout cas elle n'était pas dans son assiette. Passons, les charognards comme elle les avait appelé s'approchaient maintenant de Karot, l'air... Menaçant? Ils étaient plutôt ridicules, Karot les regarda avec un sourire leur demandant ce qu'ils voulaient, ils lui répondirent qu'ils voulaient sa caravelle pour la revendre, Karot refusa bien entendu étant donné que c'était un héritage de ses parents et qu'il en avait de toute façon besoin pour naviguer. Ils tentèrent alors de le soumettre par la force, quelle stupidité... Karot ferma les yeux et sans même sortir ses deux Katanas les mit tous hors de combat en quelques secondes, même pas besoin d'utiliser un style de combat offensif, il n'avait utilisé que des contre-attaques et des soumissions sans blesser qui que ce soit. Ils avaient vraiment été stupides de tenter quelque chose contre lui mais, au vu de leur odeur et de leur apparence ils devaient être pauvres, alors... Karot leur jeta une bourse de Berrys, une grosse somme qu'il était inutile d'expliciter et il se redirigea vers Lisbeth tandis que les autres pleuraient de joie en le remerciant, ah les humains. Il sourit alors à Lisbeth en la regardant après l'avoir rattrapé.

"Dis, ça te dérangerait de me faire visiter? Je connais rien ici. Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave hein."

En partant, elle entendit Karot lui crier un "enchanté" avec un air réjouie, comme si il n'avait pas du tout senti le malaise qui plainait sur eux deux. Mais Lisbeth était persuadée qu'il était bien moins gentil ou naïf qu'il le montrait. Et la suite le prouva pour de bon. Quand un bruit attira son attention, elle se retourna et découvrit l'angelot blond en prise avec le groupe de charognards. Evidemment qu'il souhaitaient revendre sa caravelle et il n'allait pas se laisser faire par cette poignée de brigands si ? Par précaution, la révolutionnaire posa sa main sur son poignard et déploya silencieusement son espace d'action pour son fruit. Mais elle n'en eut pas besoin. Le garçon para leurs attaques avec une facilité déconcertante, et les mit à terre en quelques secondes, sans utiliser une seule technique combative. Il avait juste retourné leur force contre eux. La jeune femme était légèrement impressionnée mais son idée du pathétique de ce genre de personnage lui revint tout de suite à l'esprit. Elle allait tourner les talons, maintenant persuadé de la véracité de ses pensées mais encore une fois, le garçon semblait vouloir lui montrer, inconsciemment ou non, qu'il ne faisait pas partie des irréfléchies et des voyous. Tout en se redirigeant vers la jeune femme, il jeta une grosse bourse qui cliqueta en rencontrant le sol. Lis' ouvrit de grands yeux, clairement entonnée mais aussi touchée par cette acte qui fit même pleurer le groupe d'immenses bandits. Sans vraiment sans rendre compte, un sourire franc avait franchi ses lèvres et elle croisa les bras en attendant que le jeune blond arrive jusqu'à elle.

"Dis, ça te dérangerait de me faire visiter? Je connais rien ici. Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave hein."

Il semblait fier de lui et rayonnait, comme précédemment. Elle haussa les épaules et le toisa en regagnant un air plus sérieux. Il voulait visiter ? Il la prenait pour une agence de tourisme ? Elle n'était qu'une révolutionnaire et qui plus est, elle était recherchée par la Marine. Se promener en ville s'était clairement dangereux. Toutefois, il pouvait se défendre, c'était indéniable, et puis après ce qu'il venait de prouver, peut être qu'elle lui devait ça, pour se pardonner de l'avoir mal jugé. Lisbeth se retourna alors et se frotta la nuque gênée.

"...Ça ne me dérange pas. Mais je suis recherchée alors faudra être discret." Confia-t-elle sans vraiment peser le pour et le contre de sa révélation.

Elle lui fit signe de le suivre et elle commença à traverser le grove 4, pour le mener vers le centre ville, qui était un point central de l'archipel. C'était beau, riche, l'exemple parfait de la couverture reluisante de Shabondy. Toutefois, c'était aussi l'endroit parfait pour voir sa désuétude. Si on sait regarder... Et étrangement, la jeune femme avait l'intuition que Karot pourrait clairement comprendre ses problèmes et l'horreur qui se cache dans les profondes mangroves de l'archipel. Mais, son esprit prudent lui cria de faire une dernière vérification...

"Tu penses que c'est une bonne idée de laisser ton bateau sans surveillance ? Ta bourse ne leur suffira peut être pas..." Un dernier test... Il y a deux probabilités. Et Lisbeth espérait sincèrement que ce fut celle qu'elle attendait...

Un Faux Paradis...

Karot venait donc de réduire à néant l'esprit combatif d'un groupe de charognards qui ne volaient que pour vivre et pas parce qu'ils se plaisaient à voler les gens. Il leur avait même donné un bon petit pactole pour être sûr qu'ils n'aient plus à voler pendant un bon petit moment, en espérant que leur âme n'avait pas déjà commencé à être totalement dévoré par le mal mais bon... Même si il ne les connaissait pas, on pouvait dire dans un certain sens, que Karot leur faisait confiance, c'était son instinct qui lui disait que tout était ok alors il n'avait pas vraiment de doute à avoir. Il était ensuite retourné vers Lisbeth qui l'attendait les bras croisés et un sourire aux lèvres, et bien... Elle souriait c'était toujours ça de gagné par rapport à précédemment. La jeune femme lui dit qu'elle était recherchée et qu'il faudrait faire attention... Karot était lui-même recherché non? Il ne savait même pas, il ne se tenait pas au courant de toutes ces choses, il comptait en tout cas faire de grandes choses ça c'était sûr. Tout cela pour dire que cela ne le dérangeait pas le moins du monde qu'elle soit recherchée, vraiment pas.

"Ce n'est rien, je pense que je suis moi-même recherché".

La jeune femme commença donc à faire visiter au jeune homme qu'était Karot, il ne connaissait rien de cette île qu'était Shabondy si ce n'était ce qu'on lui avait dit, donc que c'était un Paradis mais... Dès son arrivée, il avait pu voir que ce n'était qu'une apparence étant donné qu'il avait déjà eu l'occasion de rencontrer des charognards pauvres et qui volaient par nécessité... Dans un paradis, ce genre de choses ne devraient pas exister, cela était encore plus outrageux lorsqu'on voyait la différence qu'il y avait entre ces charognards et ceux qui étaient sans doute les nobles du centre-ville. Mais il fallait être aveugle pour voir la misère qu'il y avait à côté de cette noblesse, un véritable contraste entre deux strates de la population, un contraste que tout le monde faisait semblant de ne pas voir. La vermine... C'était les nobles, pas ses pauvres charognards actuellement. Malgré ces sombres pensées, Karot gardait le sourire et Lisbeth lui demanda pourquoi il avait laissé sa caravelle sans surveillance, c'était dangereux après tout. Karot la regarda droit dans les yeux en souriant.

"Faut savoir faire confiance. Ils volaient par nécessité pas par plaisir... Maintenant ils n'ont plus aucune de s'abaisser au vol. Je voyais le fameux Paradis Shabondy avec moins de misère cependant... Même dans le centre ville il y en a..."

Recherché hein ? Par déduction logique, il devait être un pirate. Il voyageait sur un bateau, ne craignait pas les mers, était recherché, il faisait logiquement parti de ses "bandits des océans" non ? Après tout, la plupart des révolutionnaires campaient à un endroit bien précis qu'ils appelaient leur repère et ne bougeaient que pour leurs missions. Malgré ses pensées claires, elle laissa flotter une part de doute. Dans tous les cas, ce n'était pas une bonne idée de traîner en centre ville ni dans quelconques groves touristiques -surveillés en toutes circonstances-. Tandis que l'étrange duo avançait entre les arbres, Lisbeth commença à scruter discrètement son malheureux touriste qui n'observait que la partie la plus détestée de l'archipel. Toutefois, on pouvait apercevoir les murs luxueux et les lumières accueillantes de la grande ville, du chic Shabondy où s’agglutinait les touristes, les riches et les émerveillés. La révolutionnaire ne leur en voulait pas à ces pauvres gens. Quand elle était gamine, son grand passe-temps était de courir discrètement jusqu'au centre ville, se poster sur un toit et regarder toutes ses personnes s’affermer à leurs affaires. C'était obsessionnel quelque part. Il y avait quelque chose de fascinant à voir toutes ces richesses, cette activité, les femmes qui pressaient leurs enfants, qui se précipitaient vers leurs maris de peur de les perdre, ces adolescentes qui gloussaient et qui se pressaient dans les magasins pour sauter sur le dernier sac de marque sorti. Une véritable vague qui se mouvait, une foule énorme qui savourait les plaisirs de l'archipel sans se douter de la misère derrière les murs des luxueux hôtels. Revenant légèrement à la réalité, elle continua à scruter Karot qui abordait toujours un sourire quoique, un peu tendu. Il la regardait droit dans les yeux.

"Faut savoir faire confiance. Ils volaient par nécessité pas par plaisir... Maintenant ils n'ont plus aucune de s'abaisser au vol." Dit-il sans sourciller.

Un léger sourire apparu sur les lèvres de la jeune femme. Il fallait croire que le destin ne faisait pas que s'acharner contre elle. Elle avait passé une journée abominable mais le ciel ou une quelconque divinité abstraite semblait vouloir lui remonter le moral en lui envoyant un jeune homme ni écervelé ni sans pleine possession de ses moyens. Tout le contraire de ces abrutis qu'elle côtoyait lors des réunions.

"Je voyais le fameux Paradis Shabondy avec moins de misère cependant... Même dans le centre ville il y en a..."

Lisbeth ouvrit les yeux de stupeur et ne put s'empêcher de relever la tête vers le jeune homme blond avec une expression entonnement intense. Puis, contre toutes attentes, elle éclata d'un rire franc qui ne collait absolument pas avec la situation. "C'est nerveux il faut croire !"se dit-elle.

"Excuse moi... Ce n'était pas mon intention de rire." Avoua-t-elle après avoir repris son souffle. "C'est juste... ma journée avait tellement mal commencé que je ne pensais pas trouvé quelqu'un d'aussi intelligent aujourd'hui."

Avec un signe elle le conduisit vers l'endroit où ses jambes avait l'habitude de s'y rendre tous les jours. Arrivée devant la porte de l’entrepôt dissimulé, elle ouvrit la porte et invita Karot à rentrer.

"Refaisons le tout dans les formes, Déclara-t-elle avec un sourire sincère, je suis Elisabeth et révolutionnaire. C'est ici que j'essaye de planifier du mieux que je peux les actions contre le gouvernement." Elle fit le tour de la pièce à grand pas. "Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi... éclairé depuis que j'ai commencé à réunir des membres. Je dois te dire merci même si tu ne dois pas réellement comprendre pourquoi..."

Une Révolutionnaire Hein ?

Karot était étonné par tout ce qu’il se passait sur cette île, toute cette fausse joie qui flottait dans l’atmosphère. On pouvait dire que l’appellation de Paradis était vraiment hypocrite… Surtout quand on savait qu’il n’y avait qu’une seule partie de l’archipel qui était heureux et l’autre qui vivait dans une misère pas possible. Enfin bref, ce n’était pas vraiment comme si le jeune homme pouvait faire quelque chose pour le moment. Il aurait eu beau détruire tout l’Archipel, ou en tout cas tous ces stupides dirigeants qui faisaient sembler de ne rien voir alors que la misère se déroulait sous leurs yeux et que leur seule réponse à cette dernière était… L’ignorance ou lorsqu’ils daignaient poser leur regard sur cette misère, ce n’était que pour condamner les personnes qui vivaient dans cette dernière pour de vulgaires larcins alors que c’était ces inégalités mises en place par les dirigeants qui menaient à ces mini délits d’ailleurs. Raison pour laquelle le jeune Karot se permettait de leur faire confiance, car ils voulaient juste qu’on les aide, pas faire du mal à qui que ce soit… Lorsqu’ils faisaient du mal, c’était parce qu’ils y étaient forcés… Par qui étaient-ils forcés demandez-vous ? La réponse était pourtant évidente… Par le système !

Bref, lorsque Karot fit part à Lisbeth de son ressenti par rapport à ce bonheur et à cette perfection illusoires, celle-ci rigola mais le jeune homme reconnut tout de suite dans l’intonation de ce rire que ce n’était pas une moquerie ou quelque chose du genre… C’était peut-être un rire d’étonnement ou quelque chose du genre ? Tout ce que savait le jeune Pirate était qu’il ne devait pas prendre mal ce dernier étant donné qu’il n’était sûrement pas méchant… Elle allait bien finir par lui donner une explication de toute manière non ? Et puis, au pire il n’aurait qu’à lui demander la raison qui l’avait poussée à rigoler d’un coup. Elle avait rigolé parce qu’après avoir passé un mauvais début journée, elle n’aurait jamais pensé tomber sur quelqu’un d’aussi intelligent que le jeune homme ? C’était au moins un compliment et une chose qui lui donnait la preuve que la jeune femme ne se moquait bel et bien pas de lui et qu’il n’y avait aucune méchanceté dans le rire qu’elle avait laissé échappé précédemment. Cela fit même légèrement rire le jeune homme à son tour, et ce malgré la misère environnante… Cependant, ils ne rigolèrent pas pendant trop longtemps non plus, c’était une sorte de mini fou rire, rien qui durait des heures ou quoi que ce soit.

Bon… Maintenant, la jeune demoiselle décida d’emmener Karot dans un entrepôt dissimulé et elle entreprit alors de recommencer les présentations d’après ses propres dires… Alors comme ça, elle était une Révolutionnaire ? Au moins ils n’étaient pas ennemis, pas forcément amis non plus car les Pirates et les Révolutionnaires étaient loin d’avoir les mêmes idéaux mais ils avaient un ennemi commun… Le Gouvernement Mondial et la Marine, qui ne formaient qu’un dans un sens. Elle lui avait aussi dit qu’elle n’avait jamais rencontré quelqu’un comme Karot en gros et elle semblait fortement faire une sorte de recrutement, enfin… En tout cas, elle avait commencé à recruter des membres d’après ses propres dires mais… Pourquoi la remerciait-elle ? Il n’avait rien fait de spécial, si ? Il avait simplement été le plus naturel possible sans fioritures ni hypocrisie, tout le contraire de cette ville. Mais bon, le jeune homme était intéressé par cette jeune femme, elle avait l’air d’avoir quelque chose de spécial, un je ne sais pas quoi qui attire l’attention, ou peut-être était-ce seulement le cas pour Karot. Pour le moment en tout cas, il allait rester un peu avec cette jeune femme qu’était Elisabeth, il verrait bien ce qu’il se passerait.

"Eh bien… Je ne m’attendais pas vraiment à ça. Merci du compliment en tout cas, et il est vrai que je me demande quelle est la raison de ton merci mais… Ce qui m’intéresse le plus, ce sont tes projets contre le Gouvernement ? Y a-t-il un moyen d’agir contre eux d’ici ?"

Ce sentiment d'incrédulité qu'Elisabeth lisait dans le regard du jeune homme stimulait un léger amusement. C'est sur que c'était sûrement la première fois que quelqu'un éclatait d'un grand rire avant d'inciter -subtilement- une autre personne à l'aider contre un ennemi commun. Ce n'était pas subtile ? Pourtant...

"Ce qui m’intéresse le plus, ce sont tes projets contre le Gouvernement ? Y a-t-il un moyen d’agir contre eux d’ici ?" Demanda-t-il avec sérieux.

Le sourire de la jeune femme diminua un peu mais elle conservait cette légère incurvation. Son regard se promena dans la pièce, cette pièce, elle pourrait la décrire dans les moindres recoins et trouver la moindre pièce dissimulée derrière un meuble. Elle y avait passé tellement d'année que chacun de ses anniversaires semblait s'être imprégné dans les murs pour les marquer de sa vieillesse. Enfin, vieillesse était un grand mot, disons que les fils du temps étaient restés accrochés aux murs et à chaque brique sans jamais se dissocier les uns des autres. Sur la table, une carte détaillée de Shabondy était posée, lascivement. Tant d'année en y repensant... Les révolutionnaires de l'archipel étaient tous des mauviettes et d'inutiles êtres humains, ne pensant qu'à leurs propres bénéfices. Étrangement, Elisabeth avait peut être perdue gout au combat mais des personnes comme Karot pouvaient redonner espoir. Pourquoi étaient-ils tous des pirates ? Avait-elle raté sa vocation ? La mer n'était pas pour elle, du moins, pas seule. Jamais elle ne pourrait se lancer dans une telle aventure en solitaire, l'océan est aussi effrayant que fascinant. Et pourtant, le Nouveau Monde est si proche, tellement proche. Sans vraiment le vouloir, la jeune femme s'était mise à rêver du monde sous-marin et de la beauté de l'île des Hommes-Poissons, sans jamais concrétiser quoi que ce soit.

"Agir ? Avec les Tenryuubitos ? Il faudrait se les mettre à dos et ça, peu de personnes en ont le courage." Expliqua-t-elle, avec une moue dégoûtée. "Même moi, je suis effrayée par leur pouvoir parce que je n"ai aucune porte de sortie. Vous les pirates, avez un avantage."

Ils étaient partis tellement rapidement, ils avaient disparu. D'une façon surnaturelle. C'était une étrange façon de prouver son courage. Pourtant ils avaient laissé une porte, un espoir dans la carcasse vide de son cœur, ses pirates étaient de véritables êtres humains. Maintenant, est-ce que ce jeune homme en était-il vraiment un ? Avec le temps, la définition de ces mots avaient radicalement changé et leur représentation aussi.

"Que faire ? S'intégrer dans la Nouvelle Vague ? Les Supernovas ont entamé le travail si l'on peut résumer cela comme ça." Evidemment, elle ne faisait pas du TOUT référence à l'incident de Marine Ford. Et deux ans déjà... Cela faisait deux années qu'elle attendait une ouverture, un point d'accroche. Devait-elle rester bloquée à Shabondy toute sa vie ? Une action révolutionnaire peut être servir à grand chose ici ? Un sentiment d'inutilité prit possession d'elle... Attendait-elle désespérément depuis deux ans ? Ce n'est pas comme si elle ne faisait rien pour aider les personnes vivants sur l'archipel et pourtant, tout était si vide de sens à présent. Son sourire disparu et elle se laissa tomber sur une des chaises de la pièce. Main sous le menton, elle posa son regard sur le jeune homme. "Pourquoi tu es ici exactement ? Tu attends quelque chose ?" Ou quelqu'un... Elisabeth voudrait rire, rire de sa propre fatalité mais à quoi cela reviendrait ?

"Je cherche à partir... Il n'y rien ici." Murmura-t-elle, plus pour elle même. Son train de pensées semblait complètement anarchique, même pour elle même. Alors que faire ? Que devait-elle faire, seule ?

Alors Pars!

Incrédule incrédule... Oui, il était sûr que le jeune homme était quelque peu surpris par la situation actuelle mais en même temps... Qui ne le serait pas sincèrement hein? Et il fallait aussi dire que Karot n'était pas très difficile à surprendre en définitif. Quoi qu'il en soit, c'était un fait aussi appréciable qu'innatendu... Une alliée potentielle? Peut-être ou peut-être pas, qu'importe en réalité... Le fait était qu'elle avait des projets contre le Gouvernement et ça, c'était important. Qu'ils fassent leur route ensemble ou pas importait peu au jeune homme en définitif... Il cherchait certes des alliés mais il préférait laisser les choses se faire naturellement, enfin, c'était surtout que les projets contre le Gouvernement l'avaient totalement passionné pour un court instant. Ou peut-être pas si court en fait... Un moyen d'agir d'ici... Y en avait-il un? Karot ne le savait pas et c'était bien pour cela qu'il posait la question à la jeune femme. Il se demandait bien ce qu'elle allait lui répondre, le moyen importait peu du moment qu'il existait, c'était en tout cas la façon de voir de Karot... Il ne voulait pas non plus avoir à tuer des gens, il y avait tout de même des limites... Tuer n'était pas vraiment dans les occupations du jeune Capitaine, il détestait ça à dire vrai. Les raisons? Elles étaient bien nombreuses mais inutile de les énumérer ici, vraiment inutile je vous assure mes chers. Karot souriait comme toujours.

“Les Tenryuubitos? Ces imbéciles prétentieux? Je ne comprendrais jamais pourquoi ils sont craints. Je connais les histoires d'un Amiral de la Marine qui déboule et tout ça mais tout de même. Et qu'est-ce qu'il faut faire pour se les mettre à dos exactement?”

Prétention? Peut-être bien mais le fait était que Karot ne craignait aucunement les Tenryuubitos, ni même le fait qu'un Amiral de la Marine risquait de débarquer avec un escadron de guerre pour l'arrêter voire même le tuer. Il n'avait pas encore eu à faire avec les Dragons Célestes, c'était aussi comme ça qu'on les appelait non? Mais de ce qu'il savait, ce n'était qu'une bande de bouffons qui profitaient trop de leur position et de leur pouvoir, des merdes excusez mon langage sur ce coup. Et puis, les Tenryuubitos avaient déjà été défié par les Mugiwara et... L'équipage de Luffy s'en était plutôt pas mal sorti vous ne trouvez pas? Quoi qu'il en soit, Elisabeth semblait se poser plus de questions que Karot lui-même, elle en posait même à voix haute... Elle parlait de s'intégrer dans la nouvelle vague en parlant des Supernovas et tout ça... Le jeune homme n'était pas du tout du genre à suivre la vague de quoi que ce soit mais bon... Pourquoi Karot était-il ici? S'il attendait quelque chose? Pas particulièrement à dire vrai mais une chose marqua Karot plus que toute autre chose dans toutes les paroles de la jeune femme, elle voulait partir... Elle l'avait murmuré pour elle-même de toute évidence mais Karot l'avait entendu, le Pirate entendait tout ce qu'il se passait autour de lui en même temps, il la regarda alors en souriant comme toujours.

“Alors Pars! Tu n'es pas obligée de rester ici! Il y a de la place sur mon bateau. Ou tu peux trouver un bateau pour partir et voyager! Tu dois réaliser tes rêves, pas rester croupir ici.”

De nombreuses émotions semblaient passer dans les yeux bleutés de son interlocuteur. Il était clair qu'il commençait à se poser de sérieuses questions sur la crédibilité de la révolutionnaire non ? Ou alors sur les possibilités infimes d'agir sur Shabondy. Toutefois, son sourire était léger et il ne semblait pas affecté par l'humeur maussade de la jeune femme, comment comprendre complètement quand on vient à peine d'arriver sur l'archipel ? Rhétorique. Personne ne peut comprendre entièrement un comportement. Il ne comprendrait jamais les motivations et les idées d'Elisabeth, tout comme elle ne comprendrait jamais son sourire perpétuel et cette aura de vengeance. Toutefois, sa nonchalance témoignait sérieusement de son manque de connaissance par rapport à Marijoa. La révolutionnaire fronça les sourcils, un peu agacée.

"Un rien peut les pousser à contacter Marineford. Ils sont les maîtres de l'archipel et même plus, ils utilisent des humains comme objets de servitude car ils en ont les droits." Elle se stoppa. Il n'y avait qu'une seule règle et les pirates avaient parfaitement compris deux ans auparavant. "La justice est celle du plus fort et ceux qui ont de l'argent ont la puissance."

Elle avait été trop de fois témoin d'atrocités publiques orchestrées par ses idiots prétentieux. Elle les méprisait et les tuerait si elle en avait le pouvoir, et cette partie d'elle même l'effrayait car en serait-elle capable ? "Oh oui..." murmura une petite voix au fond d'elle même. Elle déglutit faiblement. Ses yeux rencontrèrent ceux de son interlocuteur et elle pouvait presque lire en lui son aversion de tuer malgré son dégoût certain pour les Tenryuubitos, et elle se sentait sale. Complètement et définitivement seule... Karot brillait d'une confiance sans borne en lui même. Elisabeth ne pouvait que penser à l'inconscience de Monkey D. Luffy, mais qui s'était vite transformée en bravoure à ses yeux. Tant d'efforts et de pertes pour sauver une amie. Sa main sera sa cape négligemment, nostalgie et pensées décalées... voilà tout ce dont son esprit était peuplé. Ses rêves et ses envies... sa peur et son attirance.

"Alors Pars ! Tu n'es pas obligée de rester ici ! Il y a de la place sur mon bateau. Ou tu peux trouver un bateau pour partir et voyager! Tu dois réaliser tes rêves, pas rester croupir ici."

Elisabeth rouvrit les yeux. Quand les avait-elle fermé ? Sa tête se redressa pour tomber sur le visage encourageant et amical de Karot, toujours ce sourire étirant son visage. Sa réponse la toucha au plus profond d'elle même et plus que tout, son combat intérieur faisait rage. Que faire ? Partir avec cet inconnu aux idées fortes ? Pourtant à cet instant, la révolutionnaire se contentait de rester enfermée dans ses pensées. Soudain, elle se releva et fixa le jeune homme dans ses orbes bleutés.

"Très bien." Décida-t-elle, combattante et sans l'ombre d'une hésitation. "Si tu en es capable, montre moi le monde." Rajouta-t-elle avec un sourire.

Qu'avait-elle décidé ? Est-ce que la vie était fixée désormais ? Allait-il changer d'avis ? Où est-ce ses rêves allaient-ils se réaliser à présent ? L'avenir était loin d'être tracé et ce flou qu'elle percevait dans les fils tissés du temps ne pouvait que l'inquiéter n'est-ce pas ? Pourtant, elle était prête à couper les ficelles qui l’enchaînaient à l'archipel et à partir voguer sur les flots.

Plus libre que n'importe qui d'autre...