C'était par une agréable brise qu'elle fut accueillie à Jaya, île de son passé. Jamais Elisabeth, jeune révolutionnaire, aurait cru quitter l'archipel où elle avait grandit, où elle avait été élevée, pour repartir si loin dans Grand Line. Pour cause, à quoi cela servait-il de reculer dans un quête où le seul but est d'avancer ? Mais elle n'en avait cure. C'était avec délectation qu'elle avait entre les arbres, qu'elle savourait la caresse du vent et le chant des oiseaux, c'était une très belle journée après tout, et ce soleil développait une remontée de sentimentalisme que Lisbeth ne connaissait pas. Et de la nostalgie... que de nostalgie après tout. Les deux années après l'incident de Marine Ford étaient passées lentement mais sûrement, le monde était en train de changer et des pirates de toutes les mers partaient à l'aventure. La jeune révolutionnaire avait attendu patiemment sur l'archipel Shabondy de trouver une raison de partir, paralysée par une peur qu'elle n'arrivait toujours pas à définir. L'océan était vaste et dangereux... Une infinité qu'elle ne pouvait supporter. Une ligne d'horizon devait toujours de dessiner devant ses yeux, sinon, perdrait-elle de vue ses projets ? Passant un bosquet et quelques arbres, elle arriva au bord de la falaise. Comme découpée, l'île s'arrêtait là. Il n'y avait aucune plante à cette endroit et Elisabeth savait pertinemment pourquoi. Elle secoua la tête, préférant échapper aux souvenirs de son enfance perdue. Et qu'avait-elle perdue ? Sa famille, sa maison dont elle ne se rappelait que les pales silhouettes. C'était triste à dire, mais elle n'avait plus rien là bas. Plus rien ne la rattachait à Skypiea, à part les cicatrices blanchâtres de son dos.

Marchant silencieusement sur la plage vide, elle laissait ses pensées vagabonder sans réellement y attacher de l'importance. Le vide de cette partie de l'île était plaisant, les habitants étaient concentrés de l'autre côté dans une petite ville, sans base de la Marine, où ils vivaient probablement une vie tranquille. La grandeur de Jaya-Terre ne permettait pas un plus grand agrandissement de la commune, les falaises étaient dangereuses et le risque d'éboulement effrayait les constructeurs alors pour le moment, la population stagnait là bas jusqu'à décider de partir s'installer sur une autre île plus peuplée. Vivant sur un archipel de plusieurs milliers d'habitants, c'était un dépaysement, agréable toutefois. Shabondy attirait le peuple, les commerces, le tourisme, la protection du quartier général de la Marine. C'était une île “sécurisée”. Et pourtant.. elle pilait sous la criminalité des docks dangereux et acceptait la vente d'êtres humains comme de vulgaires objets. Et la Marine le tolérait et laissait faire.

Elisabeth se stoppa. Parmi les arbres se dessinait une grande silhouette allongée, marchant tranquillement. Elle se rapprocha silencieusement, craignant un quelconque ennemi. Lorsqu'elle perçut son visage, son cœur s'arrêta pendant quelques secondes. C'était, en effet, un ennemi. Et quel ennemi... Tomber sur un amiral sur une île aussi reculée que Jaya, alors qu'on est révolutionnaire, et à quelques mètres seulement de cette grosse carrure de la Marine, on peut témoigner d'un fort manque de chance. Mais il était trop tard pour la jeune révolutionnaire, sa présence n'était que trop visible et un léger frisson d'appréhension remonta le long de son échine. Elle doutait sérieusement de ses chances de fuite et encore plus de ses chances de victoire. Face à Aokiji, il n'y avait que trois possibilités: se rendre docilement et partir direction Impel Down, être suffisamment fort pour lutter contre lui ou... espérer de toutes ses forces qu'il ne connaisse pas ses avis de recherche par cœur. Et étrangement, Lisbeth ne croyait en aucune des trois.